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Ordalies
Les mémés
sexagénaires, les baronnes ménopausées (BM), servent également la joie ! Valère Vignigbè « Mal dans l’âme »Sa fraiche peau
de vingt-trois ans était pulpeuse comme un fruit mûr d’acajou: Ismael Ichola,
« la petite calebasse d’espoir »C’est vrai que
je suis différent mais bon ! je ne suis qu’un monsieur accoutré d’un
jarabu balafré de noir: Djamile Mama
Gao, « messe d’action de fuite »La peur le
tenaillait et la sueur coula le long de ses tempes. De quoi avait-il
peur ? Yves Modiano
Biaou, « Grand frisson »Tiens cette noix
de cola. Tu en croqueras un peu et tu deviendras bel homme: Daniel Atrévi,
« le mendiant »Soumaila, le
frère de Moktar, est resté prisonnier des islamistes pour avoir explosé le
front à l’un de leurs responsables au cours de la lapidation. Hurcyle
Gnonhoué, « étouffé dans le sahel »Tu redoubleras
d’ardeur. Tu dansas, petit ver d’eau solitaire. Tu dansas pendant près d’un
quart d’heure, puis soudain tu t’arrêtas. Rodrigue Atchaoué, « Cœur de rasta ». -
L’ ivrogne de la sorbonne
« …En attendant
la promesse de l’aube à la Colince de Yann, vous lirez les textes qu’il a
rassemblés ici pour nous. Il a un beau style joliment drapé dans un bel humour.
J’ai lu chacun des textes avec tendresse pour les personnages, avec
reconnaissance envers l’auteur. Colince Yann a du talent. Je vous le recommande »
Roger GbégnonviExtrait de la préface
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Le mortier rouge
Une femme à qui son ami propose, pour devenir immensément riche comme elle, de piler son bébé afin d’en faire un savon magique ; une jeune fille folle amoureuse de l’amant de sa mère et qui en tombe même enceinte ; un chef d’Etat véreux dont le seul souci est de s’éterniser au pouvoir au détriment du peuple ; toute une famille mise
en branle par l’annonce du décès d’un des siens, mais qui découvre que c’était en réalité une fausse alerte ; un féticheur qui identifie l’auteur d’un vol ; un autre qui, invité pour découvrir la cause d’un décès, révèle plutôt la maladie d’un tiers, etc…Tel est le cocktail littéraire que constitue ce recueil. Tant d’histoires savamment écrites qui nous plongent dans
des réalités sociales, culturelles et politiques surprenantes. -
Carmen Fifonsi Aboki (CFA)
Le ver est dans le fruit! Avait sermonné le président à la radio nationale. Et toutes ses ouailles avaient répercuté la formule, un peu comme un écho, dans le moindre recoin du pays. Certains avaient beaucoup travaillé leur tonalité de voix, les accélérations dans leur rythme de parole ainsi que les tremblements pour répéter pareille la formule du même timbre éraillé du leader révolutionnaire. Les expéditifs la jetaient, telle une pierre, à la figure de la masse , les démonstratifs la développaient comme une véritable formule philosophique, les pédagogues-démagogues l’accompagnaient d’une savante analyse fonctionnelle de chaque composante de la phrase, agrémentée d’un zeste de flatteries sur l’intelligence hors-norme du propriétaire de l’aphorisme, un peu-lettré légèrement étourdi en donna simplement l’inverse-le fruit est dans le ver.
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Avec beaucoup de glaçons
Lauréat du prix Plumes Dorées en 2013 avec son premier roman temps additionnel, ce jeune auteur laisse libre cours aux envolées de sa plume volontiers éclectique. Vous laisserez-vous toucher par l’iocece du petit Skéléwu, emporter par la fougue du jeune Zéwé ou encore choquer par les punchlines de la belle Dolziao? De Cotonou à Paris, entre hilarité et violence, humaité et passion, cette plume fantaisiste et incisive retient votre souffle en otage, avec un sens de l’intrigue et une maîtrise de l’humour noir déconcertants.
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Les souliers du lac Nokoué
Quand on était petits, Comlan allait passer les congés chez ses parents à Aglimey, une ferme située à dix-sept kilomètres de Zougbomey. Et avant de partir, il m’informait qu’il se rendait à Harlem. Il y demeurait jusqu’à la veille de la rentrée, et revenait le sac bourré de provisions.
A Harlem, on cultivait le manioc, l’igname, la patate douce, le maïs et le haricot et rouge.
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La danseuse Sapkata
Un homme s’élança dans le cercle, hurla, déchira ses habits, les lança en l’air et se mit à rouler comme un canari. Trois adeptes du dieu surgirent et se jetèrent à sa poursuite. Ils eurent assez de mal à le maîtriser. Il les traîna d’un bout à l’autre de la grande place. Incessants va-et-vient. Moqueurs va-et-vient. Ils l’étreignirent. Il semblait avoir plus de force qu’eux. Ils parvinrent à le contenir. Redevenu calme, le possédé redressa la tête. Le colonel ! Il venait d’être choisit par la danseuse. Le fétiche avait fait de lui son pur-sang. Pouvait-il refuser ? D’ailleurs, n’était-ce pas là une bonne façon de se repentir ? Se mettre au service de la justice après des décennies d’injustices, des siècles de viols, des millénaires de meurtres…Les adeptes l’entraînèrent vers le couvent. Le colonel y séjourna six mois. Il apprendra la vie. Il apprendra le respect de la dignité des autres. Il apprendra les lois de la nature. Il apprendra les valeurs. Et un soir, sous le gros iroko de la place Sato, on le verra se contorsionner, paré de couleurs et de vie, sous les youyous qui fuseront de toutes parts…
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Echos de femmes
La porte d’entrée était entrouverte et pressée d’échapper à la pluie, j’ai posé le vélo contre un mur, puis ai couru pour me réfugier dans mon salon. Et sur quoi suis-je tomée à votre avis ? Mon mari en plein ébats sexuels avec ma bonne, âgée d’à peine quinze ans, dans mon canapé ! Dagobert étant docker, a des heures flexibles ; et normalement, il devrait se trouver au Port autonome de Cotonou, à faire des déchargements. Les deux amants étaient tellement transportés ailleurs qu’ils n’avaient pas remarqué ma présence. Choquée, je sortis chercher un seau d’eau que je versai sur les traîtres enlacés. Ils se détachèrent précipitamment, ébaubis, outrés, évidemment en tenue d’Eve pour l’une et d’Adam pour l’autre. Loin d’avoir honte de leur trahison et de faire profil bas, ils se sont jetés sur moi avec une hargne mortelle.
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Cœur de Rasta
Et comme si on se connaissait depuis le premier cache-sexe de la terre, un large sourire fendilla ta bouche. Tu me tendis la main, m’attiras à toi. Nous voilà poitrine contre poitrine, ta main gauche me tapotant le dos amicalement. J’en fus quelque peu confus, mais tu me rassuras très vite, me murmurant que c’était votre façon à vous de saluer, car selon Jab, tous les hommes sont frères et doivent se comporter comme s’ils avaient un cœur unique, un foie unique, un intestin unique, un … Tu profitas pour me parler de Lucie, cette mère assez féconde pour te donner sept milliards de voisins et qui passait ses heures à égrener ses misères dans les cavernes d’Ethiopie.