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POÉTIQUE DES CHANSONS SACRÉES DES NESUXWE MAXI
Dans une même aire linguistique, les textes de la littérature orale connaissent des fortunes diverses. Certains ne sont connus que dans la localité où ils sont produits. D’autres, en revanche, voyagent à travers le temps et l’espace, passant d’une contrée à une autre et nul ne peut réellement en dire exactement la date de création. L’examen de cette dernière catégorie de textes littéraires oraux révèle qu’au Bénin, ce sont surtout les pièces de la littérature sacrée des vodun et, plus particulièrement, les chansons qui exhibent une telle vitalité ou pérennité. Tout se passe comme si les chansons sacrées ne se renouvellent ni ne tombent en désuétude. Ce constat a suscité en nous un questionnement sur les auteurs et le processus de la création de ces textes. Qui les crée ? Comment les crée-t-on? Et continue-t-on d’en créer de nouvelles? De ce questionnement découle une question de recherche que l’on peut énoncer dans cette double interrogation: Comment se créent les chansons sacrées de Nesuxwe et quels sont les déterminants de la beauté de ces textes?
Afin de résoudre le problème de recherche ainsi posé, nous avons choisi de réfléchir sur la Créativité et l’esthétique des chansons des Nesuxwe maxi du Centre-Bénin.
Le choix des textes du culte du vodun Nesuxwe se justifie par le fait que ce vodun appartient au groupe ethnique maxi qui l’a initié vers le dix septième siècle. Sa pratique dans ce groupe ethnique est multiséculaire et s’accompagne de chansons anciennes. Au demeurant, c’est pour éviter de fonder notre analyse sur des pièces susceptibles d’être affectées par des interférences et autres effets de mode que nous nous sommes intéressé aux chansons sacrées de Nesuxwe maxi du Centre-Bénin. A la vérité, ici, le genre qui frappe est la chanson. Elle est spectaculaire et s’impose comme le viatique du vodun.